Ce que l’art dit, sur Soleil FM

Pour mettre en valeur un objet ou une œuvre, nous avons souvent recours à la lumière. Ce n’est pas le seul moyen, mais c’en est un courant. En lui choisissant un emplacement bénéficiant largement de la lumière du jour ou en l’éclairant, directement ou indirectement. Vous pouvez faire l’expérience chez vous en déterminant la place des objets : Tel vase que vous aimez particulièrement que vous posez près d’une fenêtre pour qu’il reçoive la lumière et que tous ceux qui viennent le voient ; le porte-manteau que vous ne pouvez pas cacher et que vous placez dans un angle qui ne voit jamais un rayon de soleil et passera ainsi inaperçu, etc. Tout d’un coup, en déplaçant quelques objets, votre intérieur a l’air mieux rangé, plus accueillant.
En dessin, en peinture, l’artiste utilise aussi la lumière pour attirer le regard sur une partie du tableau plutôt qu’une autre, laissant dans l’ombre des éléments qu’on dira accessoires et qui cependant sont souvent essentiel pour la cohérence, l’harmonie ou la « crédibilité » de l’œuvre. La lumière contribue à la visibilité. Et de ce fait l’ombre aussi car elle va renforcer la lumière. Comme l’ombre que le dessinateur va placer sous le menton et sur le cou, comme une tâche, pour rendre le visage plus lumineux.
Je ne viens pas faire un cours de dessin, j’en serais bien incapable. Je veux juste mettre en lumière si j’ose dire, une astuce qui va servir à attirer l’œil du spectateur, car nous sommes comme les papillons de nuit, attirés par la lumière. Comme le dit une de mes amies ophtalmologue, nous ne sommes pas des hiboux et la vision dans l’obscurité demande un effort que sauf absolue nécessité, nous ne faisons pas.
C’est ce constat qui m’a interpelé cet été. Le principe que je viens de vous décrire ne s’applique pas qu’à l’art, à la scénographie ou à l’agencement d’un lieu de vie. Il s’applique à tout et sert à montrer et à dissimuler tout ce que l’on veut. Et dans ce sens l’actualité de cet été a été caricaturale :
Tous les projecteurs (je veux dire tous les journalistes ou presque) étaient fixés – lumière directe – sur l’affaire Benala et – lumière indirecte, ombre, salissure – sur notre ministre de la culture, Françoise Nyssen.
Rien ou si peu à côté. Et pourtant, ce ne sont pas les sujets de société qui manquent : le monde n’est pas particulièrement serein, des gens meurent en défendant leurs droits élémentaires, des entreprises compromettent l’avenir de la planète pour le profit immédiat de quelques-uns, en France de plus en plus de jeunes arrivent à l’âge adulte sans maitriser les savoirs fondamentaux et on parle de déconnexion quand encore trop de gens sont en galère pour la moindre démarche administrative qui se fait par Internet alors qu’ils ne savent ni lire ni écrire, ou pas assez bien.
Voilà bien un exemple de mise en lumière qui vise non pas à montrer, mais à cacher. Mais à cacher quoi ? On le saura plus tard sans doute mais en attendant, la presse a mis en lumière un fait divers comme il s’en produit d’autres dans bien des manifestations pour jeter l’ombre (et donc salir) le président ou son entourage. De la même manière, noircir la maison d’édition qu’à dirigée avec beaucoup d’humanité et d’efficacité, la ministre de la culture pendant plus de trente ans, c’est attirer la lumière sur elle et non sur d’autres personnalités qui ont peut-être besoin d’œuvrer dans l’ombre.
Qui a parlé des milliers de livres publiés qui ont fait rêver ou réfléchir les lecteurs, les ont enrichis. Qui a parlé des rencontres, des concerts qui font se rencontrer les gens ? Qui a parlé des emplois créés, des vocations suscitées, de la vie culturelle et l’aura médiatique offerte à une ville en déclin économique ? Personne. Les journalistes utilisent les mêmes ficelles que les artistes. Mais les artistes sont libres.

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